Amitié ou amour?
Papillons dans le ventre, cœur qui bat vite, énergie décuplée… Le sentiment amoureux nous transporte et nous renforce ! Mais qu’est-ce que ça veut dire être amoureux ? Comment faire la différence entre l’amour et l’amitié ?
Qu’est-ce que le sentiment amoureux ?
Le sentiment amoureux désigne un sentiment fort, “l’un des plus puissants que l’être humain puisse ressentir”. Ce sentiment a la particularité d’apporter énormément d’énergie, et d’être souvent accompagné de légèreté et de joie.
Très vite, lorsqu’il est présent, le sentiment amoureux réveille et révèle un désir intense pour l’autre : le voir, l’écouter, le découvrir, lui parler, le toucher, le caresser, faire l’amour avec lui, etc. L’excitation est à son comble, d’où cette impression d’euphorie, qui “donne des ailes”.
Par la suite, lorsqu’il s’installe, le sentiment amoureux nous permet de comprendre la place fondamentale d’une relation affective dans notre vie. On se demande, par exemple, comment on pouvait vivre sans amour avant !
“Le sentiment amoureux est également souvent tellement fort qu’il nous aide à bousculer nos existences : changer de ville ou de région, de travail, d’habitudes, d’idées, de vacances…”.
Les bienfaits du sentiment amoureux
En tant que force de transformation, l’amour bouscule notre parcours de vie et l’enrichit. Il nous ouvre à l’autre (l’amoureux) et aux autres en général, à des conceptions nouvelles aussi. Il nous aide à accepter les différences. On voit la vie en grand. On considère les choses de façon plus généreuse. On fait des ajustements : les sorties, l’alimentation, les amis, les vacances. Tout cela change et nous enrichit.
Être amoureux : reconnaître les signes
Le sentiment amoureux offre la sensation à la fois d’être pleinement dans le présent et confiant dans l’avenir, comme si présent et futur ne faisaient qu’un.
“La puissance de ce sentiment balaie l’idée de se confiner dans l’instant présent. L’amour balaie les conceptions étriquées de nous-mêmes et de nos existences. Nous vivons en grand !”,
Être amoureux, redonne en quelque sorte le goût du rêve, la soif de vivre, la passion d’exister, le souhait de donner, de recevoir… On se sent alors plus vivant, plus puissant, plus créatif. “On a l’impression délicieux que rien ne nous résiste, et on voudrait vivre comme s’il n’y avait que ça…”
Les signes révélateurs du sentiment amoureux sont très nombreux, et peuvent varier d’une personne à une autre.
Les “symptômes” du sentiment amoureux peuvent être :
- le cœur qui bat la chamade
- le fait de ne pas tenir en place, de déborder d’énergie
- une profonde envie de profiter de la vie, de l’autre, des moments ensemble
- le sourire qui s’affiche en continu sur le visage
- le sentiment d’insouciance
- l’envie de plaisanter, de rire, de s’amuser
- le fait d’être particulièrement enthousiaste, d’une grande curiosité….
Pour certaines personnes, plus fusionnelles ou plus fragiles, le sentiment amoureux peut se traduire par :
- la peur de perdre l’autre
- la peur de déplaire à l’autre, ce qui peut rendre anxieux
- la perte d’appétit
- des troubles du sommeil, comme une difficulté à s’endormir
- le sentiment d’être envahi par des doutes
- le fait de ne se sentir tranquille qu’avec l’autre
- le besoin d’avoir des nouvelles de la personne très régulièrement
Amour ou amitié : comment faire la différence ?
Fondamentalement, ce qui différencie l’amour de l’amitié, c’est l’intimité sexuelle. De même, généralement dans une relation d’amour et d’amitié, on n’a pas la même intimité de parole, y compris parfois dans les confidences. Mais cela peut dépendre de la profondeur de l’amitié.
Dans une relation d’amour, on est tout le temps avec l’autre ((en présentiel ou en distanciel). On sait qu’on va grandir ensemble, on a des projets durables en commun. Les attentes sont plus profondes, plus engageantes et plus fortes, à priori, que dans une relation d’amitié. L’impact des disputes est d’ailleurs bien souvent plus fort lorsque le sentiment amoureux fait partie de l’équation.
En amitié, c’est chacun pour soi, la plupart du temps : on ne vit pas ensemble, ou très rarement, on ne s’engage pas. Dans une relation d’amitié, on accepte beaucoup plus facilement l’autre tel qu’il est, on ne cherche pas à le changer, les ajustements en début de relation ne sont pas nécessaires (comme c’est le cas dans le début d’une relation amoureuse), et ses défauts, ses particularités ne nous touchent pas de la même manière.
Mais on devient amoureux, quand on a envie de l’être.
L’amour n’est pas qu’un sentiment, comme on le proclame. Aimer consiste avant tout à se faire aimer. Calcul, tactique et prise de pouvoir sont au cœur de l’amour, dès ses balbutiements. Ou encore, la routine tant décriée rime souvent avec volupté.
Il y a certes une attirance éprouvée au départ, mais l’amour ne naît pas instantanément. Nous vivons souvent des flashs qui ne débouchent sur rien. Les histoires d’amour se construisent en réalité à partir d’échanges. C’est un processus progressif où chacun interprète les actes de l’autre. On ne tombe pas amoureux, on le devient.
En Occident, le modèle de l’amour courtois, puis la littérature romantique, notamment, ont façonné notre représentation de l’amour. La Rochefoucauld l’exprimait déjà au XVIIe siècle: «Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient entendu parler de l’amour dans les écrits, les conversations, etc..». Cette imprégnation culturelle se fait aussi au contact des pairs – des personnes du même âge surtout – avec qui on discute de ce qu’on est en train de vivre.
La littérature a appris à identifier l’amour mais aussi à nous comporter amoureusement. Mais si l’amour naissant a été abondamment traité par la littérature, il y a très peu d’écrits sur l’amour lorsqu’il dure, et seuls les aspects les plus tragiques du désamour sont explorés.
On a tendance à identifier l’amour à ses débuts. Ce qui suit serait une dégradation inévitable. Or il y a beaucoup de couples stables que l’amour n’a pas désertés. D’où l’intérêt de se pencher sur les pratiques. On ne peut pas parler de l’amour comme si c’était une affaire purement intérieure, il faut le considérer dans sa matérialité.
Le but est de toucher l’autre. Pour y arriver, on doit se donner, c’est-à-dire livrer des choses personnelles en espérant que cela provoque un don en retour. Autrement dit, l’abandon de soi vise l’abandon de l’autre, il n’est pas altruiste. D’ailleurs, s’il n’y a pas réciprocité, les choses s’arrêtent assez vite.
Les amours naissantes ne sont pas exemptes de calcul. Dans cette phase, le cadeau est un présent visant à se rendre précisément «présent» à l’autre. On livre une part de soi à travers une musique, un livre, une lettre, son corps… Et puis, il y a des choses qu’on remet avant d’autres. On ne donne jamais tout, tout de suite. Il y a là une stratégie semi-consciente, mais qui devient de plus en plus consciente, lorsqu’on n’en est plus à sa première histoire.
Les échanges des débuts sont très perturbants car chacun tente d’entrer dans le monde de l’autre et doit, à son tour, laisser l’autre entrer dans le sien. Cela se traduit par une circulation intense de biens et d’informations qui n’est pas tenable à long terme. Et il arrive ce moment où on n’a plus rien de nouveau à remettre de soi. C’est alors qu’un espace commun se crée où chacun a sa place et devient familier, donc prévisible.
Le couple installé fonctionne sur une armature très forte: un environnement fait d’objets acquis en commun mais aussi d’habitudes. Et ce n’est pas négligeable! Car c’est dans cette phase, par exemple, que la sexualité connaît le moins de ratés. L’excitation n’est plus aussi forte, certes, mais le plaisir, lui, est plus souvent au rendez-vous car on se connaît mieux.
Ce qui est caractéristique ici, c’est qu’on n’est pas amoureux tout le temps. Il y a des moments de désengagement et il y a des moments plus forts, qui adviennent volontairement ou non. Consciemment, les partenaires vérifient que le courant est toujours là, en prenant des initiatives pour faire revivre quelque chose de leurs débuts, se retrouver «en amoureux». Quant aux moments involontaires ou imprévisibles, ils relèvent d’une entente miraculeuse: on se comprend sans mots. Ça peut être très intense, parfois après un rapport sexuel.
On croit en effet que les hommes seraient «taiseux» par nature. Les femmes sont certes plus investies dans l’entretien de la relation, notamment à travers la conversation. Mais les hommes, lorsqu’ils se retrouvent entre eux, peuvent être très bavards. Leur présence silencieuse dans la relation conjugale doit donc être interprétée autrement: en se mettant hors d’atteinte, les hommes résistent à l’interdépendance amoureuse. Il s’agit de ne pas trop céder de soi.
Comment s’installe le désamour?
La familiarité peut devenir désagréable et un sentiment d’étrangeté s’installer. Quand l’un fuit le contact physique, l’autre doit s’adapter. On retrouve la réciprocité des amours naissantes, mais cette fois inversée. La logique du don recule et on se met à faire les comptes. Le désamour est en fait présent dès le début dans l’esprit des amoureux comme figure inversée de l’amour: on se préoccupe du sens que tel acte de son partenaire, ou son absence de réaction, peut avoir. Le plaisir amoureux n’est jamais exempt d’inquiétude.